Jean-François SAMLONG, chevalier de l'Ordre national du mérite, est né le 25 juillet 1949 à Sainte-Marie (La Réunion). Il a été professeur certifié de Lettres, chargé de mission à la culture au Conseil général, chargé de mission LCR (Langue et Culture Régionales) au rectorat pour le second degré. Il est président-fondateur de l’Udir (Union pour la Défense de l’Identité Réunionnaise) qui, depuis 1978, œuvre dans le domaine de l’édition, de la diffusion, de l’animation littéraire ; l’association a mis également en place la formation de « rakontèr zistoir », le concours Lankréol, des ateliers d’écriture de perfectionnement en partenariat avec les ateliers d’écriture Gallimard.
Depuis une trentaine d’années, Jean-François SAMLONG participe au renouveau de la culture et de la littérature réunionnaise. Poète, romancier, essayiste, sa première période est intimiste, marquée par une poésie introspective (Valval, 1980 ; Le Cri du lagon, 1981 ; Solèy do fé, 1990). La deuxième est une orientation vers le roman historique afin de se réapproprier certaines pages d’histoire et de légende de La Réunion, notamment avec Terre arrachée (1982, Prix de Madagascar décerné par l’Association des Écrivains de Langue Française), Madame Desbassayns (1985, Prix des Mascareignes décerné par l’ADELF), Pour les bravos de l’Empire (1987), Zoura, femme Bon Dieu (1988). La troisième inaugure un cycle plus littéraire avec un regard sans complaisances porté sur la société réunionnaise contemporaine. Il publie La Nuit cyclone (Grasset, 1992, Prix Charles Brisset), L’Arbre de violence (Grasset, 1994, Prix de la Société des Gens de Lettres, Le Livre de Poche, 1996), Danse sur un volcan (Ibis Rouge Éditions, 2001), Le Nègre blanc de Bel Air (Éd. Le Serpent à Plumes, 2002), L’Empreinte française (Éd. Le Serpent à Plumes, 2005). La quatrième l’amène à faire un va-et-vient entre le passé et la période contemporaine avec Une guillotine dans un train de nuit (Gallimard, 2012), En eaux troubles (Gallimard, 2014), Hallali pour un chasseur (Gallimard, 2015).
Il a publié deux romans jeunesse : Kafdor (version créole, éd. Udir, 2003 ; version française, Ibis Rouge Éditions, 2004) et Une île où séduire Virginie (L’Harmattan, 2007).
Ayant analysé le discours poétique et romanesque, il a publié De L’Élégie à la Créolie (1989), Le Roman du marronnage (1990), puis des anthologies, des guides bibliographiques, la première Anthologie du roman réunionnais (Seghers, 1991). Et il a consacré sa thèse de doctorat à La mort dans le roman réunionnais contemporain (Université de La Réunion, 1994).
Ses essais, Le Défi d’un volcan (Stock, 1993) et La crise de l’outre-mer français (en collaboration avec Suzanne Dracius et Gérard Théobald, L’Harmattan, 2009) sont une réflexion sur l’évolution de la société réunionnaise qui veut réussir son intégration à la région indocéanique, à la France, à l’Europe, car si les racines d’un peuple ne se nourrissent pas aux grandes civilisations, elles meurent. Dans le même temps, Jean-François SAMLONG estime qu’il est important de promouvoir la langue créole, aussi traduit-il du créole en français plusieurs ouvrages : Légendes créoles (Daniel Honoré, 1997), Le Chemin des frères Ramondé (Daniel Honoré, 1999), Légendes chinoises (Daniel Honoré, 2000), Contes créoles (Daniel Honoré, 2003), Barnar (Jean-Bernard Ifanohiza, 2012), Béképabéké (Sully Andoche, 2014). En tant que chargé de mission LCR, il a participé à l’élaboration de deux ouvrages pédagogiques sous la direction d’Evelyne Pouzalgues : Littérature réunionnaise au collège (rédigé en créole, 2003) et Anthologie de la littérature réunionnaise (Nathan, 2014).
Enfin, il a renoué avec l’une de ses passions d’autrefois, la photographie, et il publie deux albums :
L’île insolite d’un jardin créole (2011) et
Le volcan ou la fusion des images (2014). Les mots et les images font entrer l’île dans l’espace de la francophonie où l’on fête le droit à la différence, le dialogue des langues et des cultures, les sociétés qui défendent une identité plurielle, la tolérance, les Droits de l’Homme. Les mots et les images disent cette acuité de l’esprit qui imagine et cette obstination de l’œil qui scrute le réel en quête du sens de l’ailleurs, car ce qui est écrit ou inclus dans le monde invisible ne vient jamais d’emblée à la représentation, comme si l’art était de cacher l’art.
Texte et photos : Sandra EMMA
Photo 1 : dédicace de J-F samlong à la librairie Gérard
Photo 2 : Antoine Gallimard remet la médaille de chevalier de l'Ordre national du mérite à J-F Samlong
Photo 3 : chasseur d'images à Bélouve