I. L'EMPREINTE FRANÇAISE (2005)
I. L'EMPREINTE FRANÇAISE (2005)
– Tu m’ouvres ta rivière ? – Jamais. Je ressentis ce mot comme une gifle à ma suffisance. Et maintenant, que faire ? Quels propos tenir pour que Joana accepte de revenir sur cette décision catégorique qui me tomba dessus comme la foudre, traçant la ligne du point de non-retour ? ne valait-il pas mieux, pour ne pas trop aggraver mon cas, s’esquiver au plus vite, d’autant qu’elle semblait égarée dans sa réflexion, déçue forcément, sur la défensive, m’épiant du regard, à peu près certaine que je ne m’arrêterais pas en si mauvais chemin ? Et la tempête se déchaîna. Prise par les épaules, le dos plaqué au sol, Joana devait consentir à… Je me leurrais. Ne pouvant répondre à la force par la force, elle arma ses mots et, les lèvres collées à mon oreille, elle me demanda si je ferais ça à ma sœur ou à ma grand-mère. Touché de plein fouet, je desserrai mon étreinte (chapitre VI, p. 104-105).




L’EMPREINTE FRANÇAISE : POINTS DE VUE DE…

Je voulais aussi te parler de L'Empreinte française. J'ai essayé comme je te le disais de comprendre pourquoi je sentais cette "mise à distance" que je ne sentais pas dans tes romans... Je croyais trouver la réponse dans ton écriture. En fait, je crois que ça ne vient pas de ton écriture, mais de ma lecture... L'autobiographie me met mal à l'aise, parce que, probablement, je te connais... Du coup, excepté pour ce que tu dis de ta grand-mère qui est totalement de l'ordre de la lumière, pour le reste j'ai eu à plusieurs reprises l'impression de recevoir des confidences que je vole, que je dérobe, que je ne devrais pas recevoir. C'est très curieux, comme impression. Et c'est vraiment parce que nous sommes proches tous les deux que j'ose te dire cela, qui me trouble.Il faut dire que c'est la première fois que je lis un texte autobiographique de quelqu'un que je connais... Du coup, je me demande, très fort, ce qui te conduit à dire à un public ce qui existe dans le secret de nous-mêmes, et que d'ordinaire ne savent que nos intimes qui ont de bonnes raisons de le connaître parce qu'ils nous aiment... Tu vois que je suis là, à cause de toi ou grâce à toi, au coeur de l'interrogation sur le projet autobiographique d'un écrivain. Pourquoi écrire son autobiographie ?... Pourquoi livrer à un public anonyme ce qu'on a vécu. Bien sûr, il y a le témoignage sur une époque et un lieu, et on le sent bien chez toi : tu fais exister pour d'autres cet univers de ton enfance réunionnaise, que tu sauves de l'oubli, tu contribues à sauver le patrimoine... Mais quel est le ressort de ton écriture quand il s'agit de toi, spécifiquement de toi ? Pourquoi as-tu tout de même inscrit ton texte dans le genre du roman ? Quel rapport fais-tu entre la fiction et la réalité que tu as vécue ? Tu vois, tu me transformes en gros point d'interrogation !!!! Evelyne

Je me souviens d'un superbe coucher du soleil sur ton balcon, la lumière venant de loin, de très loin, jusqu'à ta demeure. C'est très vrai ce que tu dis à propos de ma grand-mère : "Elle est totalement de l'ordre de la lumière". En parlant d'elle ainsi, tu as parlé de toi. Cette lumière que tu vas chercher au fond de toi (de ton passé), au fond de l'océan, au bout de l'horizon, au bout de chaque voyage, comme un trésor que tu avais, et que tu as perdu. En fait, tu n'as rien perdu de ce trésor-là, puisque tu es cette lumière. Quand seras-tu convaincue de ça ? Le jour où tu seras convaincue de ça, alors tu ne la chercheras plus, tu la VIVRAS. Et tu l'écriras, certainement. Parce que tu voudras partager cette lumière avec des gens que tu connais, que tu ne connais pas, mais eux te connaissent, voudraient te connaître mieux. Lors de ma séance de dédicace, ce samedi, à la librairie Gérard, une femme zorèy que je ne connais pas, dans l'île depuis un mois, est venue me dire qu'elle a pleuré en lisant L'arbre de violence. Et elle a acheté Madame Desbassayns, La Nuit cyclone, L'Empreinte française... C'est le plus beau cadeau qu'un lecteur, qu'une lectrice puisse faire à un écrivain. La littérature a servi de lien, de liant, de passerelle, de pont - un pont de lumière - entre deux êtres qui n'avaient, au départ, aucune raison de se rencontrer, d'échanger des mots, un sourire. Elle ne m'a même pas dit son nom, ni laissé une adresse, ça n'a aucune importance. Ce qu'elle a retenu de moi, et moi d'elle, c'est cette lumière partagée. Elle existe bel et bien, crois-moi ! Alors je me suis dit que la plus belle maison qu'on puisse avoir c'est la lumière. Oui, ma grand-mère est totalement de l'ordre de la lumière. Toute personne qui fait du bien autour de soi est de l'ordre de la lumière. En ce qui te concerne, je témoigne de cette vérité-là !
JFSL

Bonjour Jean-François!
Un petit mot rapide pour te signaler le lancement d'une nouvelle revue littéraire entièrement dédiée à la francophonie auquel j'ai assisté la semaine dernière à Marseille. Lors de la réunion de lancement, il a été annoncé la prochaine participation de J.M LE CLEZIO qui présentera notamment la littérature mauricienne. J'ai cru bon de parler aux responsables de ce nouveau périodique de ton oeuvre et de ton actuelle activité professionnelle à La Réunion, sans leur donner néanmoins pour l'instant tes coordonnées. J'ai pris connaissance du premier numéro de cette revue qui me semble de bonne facture, mais je ne suis pas assez compétent dans ce domaine pour préjuger de l'impact ni de la viabilité d'une telle publication. Je te laisse donc le soin de contacter directement, si tu le juges utile, A. SANCERNI ou G. REBOURCET que j'ai rencontrés ( tu as en pièces ci-jointes toutes les informations nécessaires pour le faire), à moins que tu ne préfères que je leur demande de te solliciter pour un article. La lecture de "L'Empreinte Française" a ravivé en moi bien des souvenirs: non seulement celui d'une grand-mère attentive à tout, éblouie par l'image d'une France inconnue, grandie par la grâce du pardon des injustices, mais encore ceux de la nuit cyclone et des avalasses, du "charroyage" de l'eau, de la traversée des ravines en crue, des pratiques magiques et des séances d'exorcisme ou de désenvoûtement... Et une fois encore, j'ai renoué, comme pour chacun de tes livres, avec les fastes initiatiques d'une écriture qui porte la marque authentique et si rare aujourd'hui, même en métropole, de....l'empreinte française! Merci pour ce moment de grande qualité que j'ai passé par l'esprit en ta compagnie. A bientôt, j'espère. Tienbo !
F. DIJO UX. 

Bonjour J.François,
J'ai bcp pensé à toi, ces derniers jours. J'ai lu d'une traite ton dernier roman, sur la terre de certains de tes ancêtres. Connais-tu la Chine ? De retour, lundi, de l'époustouflante Shangaï, je tiens à te remercier pour ces moments délicieux que j'ai passés, grâce à ton livre...là-bas. J'aime les symboles et je voulais te lire en Chine ! Comme tu le sais, j'ai une – petite - dose de folie.
La 2ème partie m'a, comme d'hab, effrayée car je ne suis pas -bien que malbaraise-malgacho-etc., à l'aise avec tous ces mystères occultes et clairvoyants.
J'ai apprécié ta 1ère partie. Je salue d'ailleurs ton courage. L'auto-mise à nu  d'un homme public dans une si minuscule île mérite un koud'sapo admiratif, sans compter la mise ne scène littéraire exemplaire.
Denyé fraz-la lé pa byen fransé ! Pas le temps de me prendre la tête : tu corrigeras, d'instinct, si je puis dire.
Ns avons tous à apprendre les un(e)s des autres, à nous pardonner, à nous apaiser mutuellement.
Biz tt dou et printaniers !
Lydie Duriez

J'ai lu ton roman: les personnages sont marquants, l'écriture est très belle (riche et pleine de
couleurs), le narrateur extrêmement touchant. Tout sonne juste.
Catherine Feyeux

Pendant les vacances de mai (cela me semble bien loin !) j'ai pu enfin lire L'empreinte française : je ne vais pas me livrer à une analyse approfondie faute de temps mais pas par désintérêt. Je tenais quand même à te dire que ça m'a beaucoup plu ; je le trouve très réussi, plein d'émotion ; quant à l'évocation des épisodes de ton enfance et de  la Réunion longtemps, je m'y retrouve complètement en dépit des différences de sexe et de contexte familial... C'est sans doute cela "l'identité" réunionnaise.
Monique Merabet

L’EMPREINTE FRANCAISE
Ouvrir ce livre, c’est pousser la porte de ton cœur. Tu te livres, tu deviens accessible, tu es un homme qui souffre (je le préfère à l’historien trop grand pour moi.) Roman qui n’a pu être écrit que sous le coup de la grâce ! L’amour que tu portes à ta grand-mère est incomparable, parce que l’amour qu’elle a su te donner est unique. Cet amour te marque au fer rouge. Ce n’est qu’à toi qu’elle a pu prodiguer un tel amour. Ce n’est d’ailleurs qu’à Cet amour que tu as su répondre. Elle n’a en fait, laissé aucune chance à une autre femme, car toute ta vie tu ne fais que rechercher son amour. Sois indulgent, personne ne pourra t’aimer comme Elle l’a fait. Rends  grâce au ciel d’avoir connu pareille tendresse. Je souhaite qu’un jour, un de mes petits-enfants soit capable de me rendre un tel hommage.

Jean-François, Comme je te l’ai déjà dit, je suis admirative de l’amour que tu portes à ta grand-mère. Merci de partager tous ces souvenirs avec le commun des mortels ! Je ne parlerai pas davantage du livre lui-même, d’autres le feront mieux que moi. J’espère que mon regard sur cette douce « complicité » ne te décevra pas. Amitiés à Sandra à qui je souhaite sincèrement  de trouver le vrai chemin de ton cœur. Qu’elle ne se décourage pas, nana santié plein zépine, nana la rivièr pou travèrsé, nana kap pou grinpé, mé out lamour lé obout pou èl.
Danièle Moussa

Roman à la portée de tous mais ambitieux, L’Empreinte Française évoque un passé, un art de vivre que les bouleversements profonds de la société  réunionnaise ont presque relégués au rang de « curiosités patrimoniales ». Il nous replonge dans le cocon sécurisant de l’enfance. Peu de confort matériel mais une entraide de proximité spontanée et chaleureuse. Une suite d’expériences et de sentiments qui faisaient grandir dans un univers rugueux, amorti cependant par l’amour inconditionnel d’une grand-mère riche de l’intelligence du cœur et d’une compassion à toute épreuve. En contrepoint, l’école, lourde de rigidités contraignantes forgeait les clés pour s’évader du carcan, définissait des repères, suscitait curiosités et rebellions : catalyseur subtil pour se forger un destin dans les méandres de la société insulaire. Les spasmes de l’adolescence vibrent, tempérés ici par l’intimité de la nature. La vie, l’espoir éclairent chaque page, laissant aux croyances magiques, aux doutes rationnels, aux esprits africains et malgaches, aux légendes chinoises le droit d’accompagner l’auteur sur son chemin de vie, vers la VIE. L’intérêt et le plaisir de la lecture naissent du mariage de la saveur de l’imaginaire créole et de la rigueur d’une langue travaillée et précise. En un mot : un métissage réussi où jeunes et moins jeunes trouveront leur miel. Claude-Admira Guillon-Labetoulle

L O   M A R K   L A   F R A N C E
Sa la pa in mark do linje ! Majine in ti marmay leo ke la grandi tipa-tipa. Ankor èn ti krever ? Di tou ! Son mémé lété konm in bon pé  domoun, plito dann malizé. Son rishès lété lo ti baba kèl lavé ansové kan lo taxi lavé larg lo paké dovan lo baro son tikaz an tole. Sa, in granmèr lo kër té an lor. El la soingn a lï ek tou son lamour é lï la rest an vi. Navé osi granpèr sinoi, té i koz pa mé té i ème suive la politik èk la radio. Navé lo voizinaj, navé gro blan pou donn la min…dé foi é dé foi pa ! Navé bann dalon èk lo batay pou trap fèrblan de lo ou ankor pou joué kanèt ou ankor sot dann la rivièr ; pou invant in tad tiktak pou pass lo tan. Lontanla, navé poin télé, jë vidéo, même pa lo cinéma. Dannl fon lété gayar pou fé lèv out majinasion. Epi navé osi lékol : té in pé dur mé bann livla, sa té in mirakle pou sorte de lile, aprann lo moun déor. Sa té in leshèl kosto pou ède aou sorte dann fénoir é guingne out plass sou soley. Sïrtou kann navé in takon prièr, in tisanër, in tad kroyanz pou ède la shans. Ou la kompri, sa lo zistoir in timétis té plin lespoi, té plin lénerjy. In pé sinoi, in pé mélanjé ek dann son tèt kosé fransé é kosé kréol byin amayé. Kann ou nora fini lir sa, ou poura poz in tad kestyon sanm out paran sï zot passé… Kisé, ptèt mèm ou va trap lanvi ekrir toute sak ou fé.
Claude-Admira  GUILLON-LABETOULLE

Cher Jean-François,
Ce petit mot pour te dire que j'ai lu ton livre et que je l'ai aimé. Beaucoup aimé. Ton écriture est belle, je le savais déjà, mais j'ai aussi aimé l'humanité de tes personnages, cette belle histoire d'amour manquée d'adolescent, de premiers émois, et cette histoire d'amour réussie avec la grand-mère. J'ai aussi particulièrement été touché par les rapprochements avec le "présent", la paternité du narrateur, son amour pour ses filles qui font leur vie aux quatre coins du monde. Je pourrais, comme ça, te donner plein d'exemples, parce que je me suis senti bien dans ton livre que je n'appelle pas roman tant sa construction est plus celle d'un récit. Un récit libre, sans véritables contraintes de narration, souvent il me semble, au fil de l'envie, de l'émotion qui monte et qui te renvoie à autre chose, une impression présente de l'homme de 50 ans qu'est devenu l'enfant de l'histoire. Une belle liberté. Il n'est pas facile de parler d'un livre dans un message comme celui-là. Mais je tenais à t'envoyer ce signe, ces quelques mots de l'autre côté de la mer. J'ai vraiment été heureux de te revoir à la Réunion après notre rencontre en Guadeloupe. Notre séjour a été riche, beau, et le retour trop rapide. C'est toujours le problème avec l'avion, ce tunnel climatisé dans lequel on entre dans un aéroport pour en ressortir à l'autre bout du monde. Il faudrait quitter une île comme la tienne en bateau, puis voyager des jours, des semaines, pour laisser les images s'imprimer, les odeurs s'ancrer... Au lieu de quoi, après quelques heures de somnolence inconfortables, on se retrouve ailleurs, si vite qu'on perd de précieuses sensations au passage. A bientôt j'espère, Bien amicalement, Mikaël Ollivier

Ça y est !!! j'ai terminé ton livre... Très émouvant... larmes, orages... : "je te pardonne" "Le silence, toujours. A cause du danger de parler comme on crie, de crier comme on pleure." Ce sont tes phrases, d'un être pudique et écorché... - Ça me parle beaucoup Catherine Caroff

Nous avons passé une partie de nos vacances dans une île admirable : la Corse. C'est là, au calme et au sein d'une belle nature (quoique un peu sèche !) que j'ai lu ton dernier roman. Je l'avais délibérément gardé pour cette période pour mieux le savourer, totalement disponible et disposant de tout mon temps. J'ai bien fait: je me suis relu, par plaisir, les pages que j'avais bien aimées, je revenais sur les moments où je retrouvais l'atmosphère et les images que j'avais connues. C'est, à mon avis, ce que tu as le mieux réussi (il est vrai que la biographie m'était en partie connue !): tout y est ! La vie y est palpable dans toute son épaisseur. La nature, les gens, leur vie quotidienne, même la moiteur du climat et ses nuits chaudes, la violence des pluies, on ressent cela avec intensité. Je n'oublie pas, par ailleurs, les admirables portraits du grand-père et de la grand-mère, amenés par petites touches et si justement dépeints. Je ne dis pas cela par flatterie et parce que j'ai été flatté d'avoir l'honneur de la dédicace mais parce que je l'ai vraiment senti ainsi. Je ne suis pas le seul de cet avis, d'ailleurs: Janine partage mon avis. C'est une belle réussite !  Un question que je ne t'ai jamais posée: as-tu conservé des liens avec les autres profs qui ont contribué à  imprimer en toi" L'empreinte française " ?
Georges Morgeau (10 septembre 2005)

Monsieur Samlong, Ces courtes vacances auront été d'autant plus délicieuses pour moi qu'elles ont été bercées par la lecture de  L'Empreinte française : merci ! Et de tout coeur, écrivez… encore et encore ! Je me permets de vous joindre aussi quelque chose que j'ai écrit  il y a longtemps sur ma propre enfance : soyez indulgent ! A bientôt pour de nouvelles "Floraisons".
Rébecca Tardif (25.10.05)

Reçu le 17/12/12
Bonsoir M. Samlong, Je suis un étudiant universitaire italien (Région : Sicile), j'étudie Langues et Cultures Européennes et je terminerai mes études à la fin de l'année prochaine. A la fin du Master je dois rédiger un mémoire concernant une discipline ou un sujet à mon choix. Moi, j'ai étudié français, anglais et espagnol mais je veux rédiger un mémoire concernant la littérature réunionnaise et en particulier je serais intéressé à l'analyse de votre production et surtout des romans d'où on peut extraire le sentiment de l'identité réunionnaise et le rapport avec la culture française. J'ai acheté L'empreinte française et je le trouve vraiment  intéressant, je me suis renseigné sur les autres œuvres que vous avez écrites. Parmi ces dernières, lesquelles vous me conseillerez de lire pour faire une analyse de l'identité réunionnaise et des caractères propres de cette littérature qui me fascine? Je voudrais en outre savoir, s'il est possible, si vous avez écrit d'autres essais (qui ne sont pas cités dans votre site Internet) auxquels je pourrais être intéressé pour ma recherche. En attendant votre réponse, je vous prie d'agréer, Monsieur, l'expression de mes salutations distinguées. Merci d'avance Cordialement
Aldo Licitra